[PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

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jlsanto
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[PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

Bonjour à tous
Au centre de la plaine orientale entre Bastia et Bonifacio, je vole près de mon village en Corse sur le terrain de GHISONACCIA ALZITONE (LFKG) qui est un ancien terrain d'aviation conçu par les alliés pendant la seconde guerre mondiale pour permettre des raids de bombardement sur L'Italie et L'Allemagne nazie.
Un très bon ouvrage "USS CORSICA" de Dominique Taddei vous donnera tous les détails de cette histoire,

Image

et un site internet rappelle l’histoire des B 25 du 57th Bomb Wing basé sur ce terrain http://bombwing57th.canalblog.com/archi ... index.html

La piste actuelle est tracée sur la piste initiale Nord Sud, en terre, dont 800 m par 18 m ont été revêtu en dur (ne pas se fier à la photo ancienne ci-dessous, la carte VAC a été modifiée le 5 avril 2012, et le QFU est 18-36).

Image


L’aérodrome est à usage restreint aux ACFT basés en Corse ainsi qu'aux ACFT d'état. Autre cas, escale possible avec PPR PN 72 heures adressé à l'exploitant AD. On y trouve de l’avion, de l’hélicoptère, du planeur, de l’ULM, du parachutisme et de la voltige.

Un vrai bonheur que de voler en avion sur deux Cessna, un 150 et un 172 de l’aéroclub, pour un tour de Corse, ou quelques vols dans l'intérieur (attention à l'aérologie très particulière) ou en planeur, ou encore se laisser tenter par un saut en parachute au dessus de l'Ile de Beauté. C’est là que je baserai mon futur Pioneer 300.

JLSanto

Plus d'information sur la VAC, et me joindre si nécessaire.
Exploitant d’aérodrome : PEGAASUS (Pôle élémentaire de gestion de l'aérodrome d'Alzitone soutien usagers stationnés) TEL : 04 95 56 17 50 - 04 95 57 34 07 E-mail : maintenance.ghisonaccia@orange.fr
ACB Ghisonaccia TEL : 04 95 56 17 50 - 04 95 57 34 07 - 06 11 69 28 60 - E- mail : pat.redhair@gmail.com
Centre régional de vol à voile TEL : 06 09 53 27 70 - E- mail : urba20@orange.fr
Costa Serena parachutisme TEL : 06 09 84 19 16- E- mail : patetpat@aol.com
CMAT organisme de formation hélicoptère TEL : 06 22 24 47 35- E- mail : corsica.air.training@orange.fr
Corse ULM TEL : 06 03 16 28 97 - E- mail : alq20@aol.com

Modo UFO : Modification du tître.
Admin : Félicitations pour cette présentation. Tu peux continuer (il est possible de détailler)
Que cela serve d'exemple aux autres amateurs potentiels. Il y a déjà 22 régions françaises dans cette rubrique
FORUMS GEOGRAPHIQUES - FORUMS des CLUBS
FORUMS de l'EUROPE et de ses CLUBS : FRANCE, BELGIQUE, SUISSE, LUXEMBOURG, ETC.

Elles ne demandent qu'à être remplies.
Lorsque des volontaires des autres parties de l'Europe en feront de même, des rubriques de leurs régions seront ouvertes.
Comment se fait-il que les membres actifs du forum sont si peu intéressés à contribuer à une sorte d'annuaire ???
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PapaMike
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Re: Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole

Message par PapaMike »

Je ne manquerai pas de te faire signe, et évidemment de prévenir l'AD, si je viens dans la région.
Après avoir tourné en Italie et en Espagne, il serait bien normal que je passe aussi en Corse...
Mais les traversées m'ont jusqu'ici retenu... :?

Je ne suis ni mécano ni ingénieur. Il n'est question ici que de partager ma petite expérience avec d'autres membres du forum afin de s'entraider, ou tout simplement de discuter entre pilotes et passionnés de l'air. A bon entendeur.


PapaMike est décédé le dimanche 21 octobre 2012.
Ce n'est pas une formule de circonstance que de dire qu'il sera réellement regretté par beaucoup.
Sujet qui a annoncé cette information malheureuse, ici : PapaMike et Sonia, triste nouvelle
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jlsanto
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Re: [PRES]Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

Pas de problème pour te mettre en relation avec les équipes locales à demeure.
En particulier, Pat Red Hair, Patricia dont il faut deviner la couleur des cheveux, est une figure locale qui se partage entre l'Espagne et la Corse, et qui possède un ULM qui fait souvent la traversée par MERLU.
Le principe à appliquer consiste à ne jamais dire au Rotax qu'il va traverser la mer pour ne pas le stresser. Dans ce cas, tout se passe toujours très bien :D
Bons vols. JlSanto
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jlsanto
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

Bonjour à tous
Puisque notre Admin m'y encourage, je vous propose quelques éléments pour ceux qui sont passionnés d'Histoire et de Cinématographie.

Historiquement, voici la carte de USS CORSICA (issue du livre de Dominique Taddei)

Image

et la stèle du souvenir présente sur mon terrain de Ghisonaccia Alzitone

Image

On n'oubliera pas que le 31 juillet 1944, l’avion de Saint-Ex disparaissait en vol, après avoir quitté l’aéroport de Borgo,près de Bastia.
Pour une très belle évocation, lire : http://www.grands-reporters.com/LE-DERN ... UPERY.html

JLSanto
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jlsanto
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

Et pour l'évocation cinématographique, je vous conseille un documentaire contemporain, Sur la piste d' Alto, un film de Daniel Costelle et Isabelle Clarke avec le concours de Jean Santoni membre d'honneur du 57th. Ce film nous fait revivre, grâce aux rushs inconnus du grand réalisateur américain William Wyler, une période importante de l'histoire de la Corse pendant la Seconde Guerre mondiale.
La base d'Alto, près de Folelli, accueillait en 1944 à la fois un groupe de chasseurs-bombardiers de l'U.S Air Force (le 57ème Fighter Group) et le célèbre groupe de chasse français Lafayette. Jour après jour, les jeunes pilotes de ces deux unités, décollaient de la piste d'Alto sur leurs P 47 Thunderbolt pour attaquer, mitrailler, bombarder les troupes Allemandes qui, en Italie, avaient stoppé l'avance des Alliés à Monte Cassino et participé au débarquement de Provence en août 1944.

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Et le film "Thunderbolt" (1947), de William Wyler, John Sturges

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Bons vols. JLSanto
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PapaMike
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par PapaMike »

EX-CEL-LENT !
Des images parfois dures mais extra ordinaires !

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jlsanto
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

C'était malheureusement la guerre.
Aller, des images plus douces en temps de paix : le tour de piste au soleil couchant au dessus des vignes ces jours-ci :

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Bons vols
JLSanto
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PapaMike
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par PapaMike »

Tout cela me paraît bien joli :)
Il va falloir que je vienne y faire un tour afin de constater par moi-même pourquoi on la surnomme l’Île de Beauté ;)

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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

Bienvenue. Pour un petit aperçu de la partie Nord ....

BUTbbvj-XjM

On voit que j'ai changé la GoPro ;)
Bons vols. Jlsanto
Dernière modification par jlsanto le 07 août 2012, 23:08, modifié 2 fois.
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Ramel
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par Ramel »

Difficile de faire une présentation plus complète ! Bravo et merci de nous en faire profiter !
Zenair 601xl
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par administrateur »

jlsanto a écrit :
On n'oubliera pas que le 31 juillet 1944, l’avion de Saint-Ex disparaissait en vol, après avoir quitté l’aéroport de Borgo,près de Bastia.
Pour une très belle évocation, lire : http://www.grands-reporters.com/LE-DERN ... UPERY.html

JLSanto

Admin : Voilà qui mérite d'être recopié, car ce lien finira un jour par devenir inactif ...
  • FRANCE 19 août 2004

    « J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai »
    Le dernier vol de Saint-Exupéry.

    Il y a soixante ans, le 31 juillet 1944, l’avion de Saint-Ex disparaissait en vol, après avoir quitté l’aéroport de Borgo, en Corse, pour effectuer une mission de reconnaissance au-dessus de la France encore occupée. Après la découverte des débris de l’appareil en Méditerranée, à l’automne dernier, jean-paul mari nous fait revivre le dernier vol de l’écrivain aviateur, qui fut aussi sa dernière mission

    C’était un beau jour pour voler. En plein coeur de l’été corse, ce 31 juillet 1944 vers 8 heures sur le terrain de Borgo, à 25 kilomètres de Bastia, par une lumière du matin déjà vive mais encore sucrée, et une odeur de maquis, comme une guerre en vacances. Il y a du vert humide sur l’herbe de la piste, du bleu dans le ciel, de l’argent sur les ailes des avions et des taches noires de graisse brûlée sur la gueule des moteurs. Le commandant Antoine de Saint-Exupéry vient d’arriver en Jeep. La veille, il a fait la fête dans un restaurant de Bastia, son lit n’est pas défait, on ne l’attendait plus, au point de désigner un pilote remplaçant. A l’aube pourtant, il a pris un solide petit déjeuner au mess, oeufs sur le plat, café noir et cigarettes américaines. Maintenant il est là, au pied de son monstre léger, un P-38 Lightning F5B, un monoplace de 6 tonnes à double fuselage, avec deux moteurs de 1500 chevaux chacun, capable de grimper à 650 km/h jusqu’à 10000 mètres d’altitude. Pas de mitrailleuses, pas de bombes ; seulement des appareils photo pour une mission stratégique à l’est de Lyon, une opération de reconnaissance aérienne de plusieurs heures à haute altitude entre Grenoble, Annecy et Chambéry. A 44 ans, Saint-Ex est un homme fatigué. Il paraît dix ans de plus avec son crâne chauve et sa carcasse alourdie, hédoniste qui aime manger, boire, fumer, adore les femmes et les longues soirées entre frères d’armes. Un crash au Guatemala lui a valu autrefois une semaine de coma et huit fractures, dont une mauvaise fêlure du rocher, un os à la base du crâne. Il en a gardé un corps raide et douloureux, des migraines, des accès de vertige, une cicatrice à la lèvre qui bride son sourire et une autre qui lui relève le sourcil, visage d’un homme usé à la fois mélancolique et curieux de la vie. « Vous n’avez tout de même pas la prétention, mon capitaine, d’être vivant après la guerre », lui répétait le futur général René Gavoille pendant la Bataille de France. Depuis, le général est devenu son ami et regrette cette phrase. Un soir, il se rend dans sa villa du cap Corse et trouve Saint-Ex allongé sur son lit, tout habillé, les mains derrière la tête, occupé comme souvent à méditer jusqu’à très tard dans la nuit, juste avant d’écrire. Il aimerait tant lui dire qu’il est temps d’arrêter, qu’un pilote de guerre est déjà vieux à 30 ans et qu’on ne monte plus dans ces formule 1 du ciel à un âge canonique. Lui rappeler aussi que les P-38 concédés aux Français par les Américains sont des pur-sang abîmés, rafistolés, retors, « impropres au vol » selon un officiel américain, appareils livrés sans notice, sans instructeurs, et qu’un incident moteur vient de coûter la vie au meilleur pilote de l’escadrille. Saint-Ex lui-même a déjà connu, quelques jours plus tôt, un incendie en vol et une panne de l’inhalateur d’oxygène. Le général voudrait aussi lui parler de cette amicale conspiration des officiers, qui projettent de lui révéler le secret de la date du débarquement en Provence, le clouant de facto au sol, par peur qu’il tombe aux mains des nazis. Mais l’ami vacille, malgré sa solidité militaire et son visage rouge sang, durci par les flammes d’un crash en avion. Il sait que Saint-Ex a tout quitté pour voler - New York, sa célébrité d’écrivain, les salons et les honneurs - et qu’il a failli mourir de tristesse à Alger quand il a été interdit de vol par les Américains. Un an plus tôt, l’escadrille reçoit son premier prototype et Saint-Ex est chargé de l’essayer sous les yeux des Alliés. Quand l’avion grimpe en crachant de la fumée, Gavoille demande aussitôt par radio au pilote d’atterrir. Saint-Ex revient trop vite, se pose long, freine sans grand effet pour finir sa course dans un champ d’oliviers. Appareil détruit. « Fucking French ! », grincent les Américains, furieux. Sanctionné, le pilote frappe pendant des mois à toutes les portes de l’état-major. Le général américain Eaker finit par lui signer à contrecoeur un ordre pour cinq missions. Il en fera dix, avec la complicité de Gavoille. Ce 31 juillet 1944, c’est sans doute sa dernière mission. Comment lui dire tout cela ? Gavoille hésite et lui recommande simplement d’être... « prudent ». Saint-Ex comprend et bondit. Le timide se fait pugnace, lui qui a écrit : « Qui suis-je si je ne participe pas ? » ne veut pas rester à l’écart, préservé, lâche. Comment parler de la France qui souffre si on ne prend pas sa part de risque ? Saint-Ex a côtoyé la mort, elle ne lui fait pas peur. Convaincu qu’il ne survivra pas à cette guerre, il est prêt à « partir » mais en mission. En mission seulement. L’empêcher de voler, c’est l’assassiner. Il plaide, supplie, et Gavoille cède. L’écrivain lui demande un dernier service : accepter de transmettre une mallette de manuscrits. Une forme de testament. Assis l’un à côté de l’autre, bouleversés, les deux pilotes pleurent, comme des hommes. Il est déjà 8 heures sur le terrain de Borgo, Peinado le mécanicien et le sergent-chef Potier sont prêts, la longue cérémonie de l’habillement peut commencer. D’abord un sous-vêtement fin à manches longues, puis la « souris », une combinaison truffée de résistances électriques pour endurer les - 50 °C en altitude dans cet avion sans chauffage. Encore une salopette de mécano, des chaussons chauffants, le serre-tête pour les écouteurs radio, un laryngophone, les gants fourrés et le masque à oxygène. Puis enfiler le gilet flottable et le parachute dorsal, sangler la bouteille à oxygène de secours sur la jambe gauche et fixer le canot pneumatique. Sans oublier le cercle calculateur, carnet, crayon sur la cuisse droite, un sac de poudre, deux fusées éclairantes, une pochette de survie et de l’argent du pays survolé... C’est fini. Serré, sanglé, boudiné, le pilote Bibendum est hissé jusqu’à son habitacle de Plexiglas où il dégouline de sueur avant de crever de froid. Dernière cigarette, essais moteurs et check-list, le monstre vibre... « Ces sortes de torpilles volantes, qui n’ont plus rien à voir avec le vol et font du pilote, parmi ses boutons et ses cadrans, une sorte de chef comptable. » 8 h 45 : un geste de la main du mécano au sol, les cales sont libérées et 3000 chevaux le propulsent vers un monde supérieur. Là-haut, il souffre. L’oxygène est rare et ses poumons fatigués en consomment plus que les autres pilotes, son taux de globules rouges s’affole, le froid réveille les vieilles fractures ; le bruit, les vibrations et les coups d’hélice brutalisent son squelette douloureux soumis, pour chaque manoeuvre sèche, à une force de quatre fois son poids. On est bien loin des avions de l’Aéropostale, quand il lui arrivait de dessiner en pilotant et de retarder l’atterissage pour finir la lecture d’un bon roman. Mais là-haut, il vole et il est heureux : « J’ai la joie de participer de nouveau à ces plongées de scaphandrier que sont les missions à haute altitude. On s’enfonce dans des territoires interdits, habité d’instruments barbares, environné d’un peuple de cadrans. On respire au-dessus de sa propre patrie un oxygène fabriqué aux Etats-Unis. L’air de New York dans le ciel de France, n’est-ce pas étonnant ? » Là-haut il faut savoir tout faire : piloter avec finesse, naviguer sans se perdre, écouter la radio, se taire, changer de réservoir d’essence, vérifier les tests des circuits, écraser d’une main la glace qui peut boucher le conduit d’oxygène - soixante secondes de pénurie et c’est la syncope -, trouver au sol les endroits à photographier et régler les intervalles des clichés, faire les bonnes photos et ramener les précieuses pellicules. Et surtout surveiller constamment le ciel afin d’échapper au piège des chasseurs. L’escadrille a mis au point une technique de vol : il faut s’élever jusqu’à l’altitude où la traînée de vapeur condensée du Lightning devient visible, puis redescendre 1000 pieds plus bas pour redevenir discret. Le monstre va si vite que les chasseurs, Messerschmitt ou Focke-Wulf, ne peuvent l’abattre qu’en grimpant au-dessus de lui. Ne reste qu’à surveiller l’apparition de leur « traîne blanche de mariée » et à dégager aussitôt, pleins gaz. Le moment le plus dangereux est la descente. La veille, le 30 juillet, c’est à 6000 mètres que Gene Meredith, en mission photo au-dessus de la Durance, a vu apparaître la mortelle traîne. Au-dessus de lui apparaît un Focke-Wulf 190 piloté par Guth, un as de l’aviation allemande. Meredith l’Américain, excellent pilote, plonge aussitôt, ses turbos en surpression. En vain. A la radio allemande, on a enregistré ses appels désespérés : « Je suis repéré ! Il me met en joue... Suis touché, je plonge... c’est fini. » Un temps, puis une voix dans le ciel : « Je vais mourir. » Saint-Ex connaissait bien le jeune Américain blond avec qui il avait posé pour une photo. Lui-même a failli y rester un mois plus tôt dans la région de Lyon-Grenoble. Un de ses moteurs lâche, il fait demi-tour et perd de l’altitude. Au-dessus de lui, la double traîne blanche de deux chasseurs allemands. Il les voit se caler dans son rétroviseur panoramique et... replie l’optique ! « Mon cher, j’ai trop à m’occuper devant moi, dira-t-il à un collègue effaré. Si derrière il y a quelqu’un que je gêne, je ne peux pas l’empêcher de faire son boulot... » Sur un seul moteur, il plonge encore vers la plaine du Pô, Turin et Gênes, une zone rouge truffée de terrains et de DCA allemandes qu’il survole à un peu plus de 2000 mètres, au raz des canons... « à une altitude de touriste, au point de tromper l’ennemi qui ne pouvait imaginer qu’un adversaire aurait une telle impertinence » ! Du coup, les deux chasseurs allemands l’ont abandonné. Saint-Ex en rit mais il a couru d’énormes risques. Et comme il a laissé tourner ses appareils photo, il a rapporté une moisson de photos exclusives sur une zone inconnue ! Pour l’heure, il vole à 10000 mètres dans un désert de ciel. D’en haut, le monde est une maquette, le bleu de la mer, une simple pâleur, la villa de son enfance, une fragilité intérieure. Vide le ciel, sans Mermoz le flamboyant, disparu dans l’Atlantique, qui disait : « Pour nous, pilotes, l’accident ce serait de mourir dans notre lit », sans Didier Daurat, le pilier de l’Aéropostale, sans Guillaumet, qui avait pourtant survécu à un crash dans les Andes - « Ce que j’ai fait, aucune bête... » -, mort lui aussi. Ils sont tous partis, en pleine action, en pleine gloire. Un homme, une épopée, un temps. Des morts sans bavure. Pas lui, pas Saint-Ex, toujours là à traîner une carcasse anachronique qui lui pèse. Alors la mort... « J’ai failli quatre fois y rester. Cela m’est vertigineusement indifférent. Je m’en fous, je les emmerde. » Il se sent « comme un survivant » dans une époque qui n’est plus la sienne. « Si je suis descendu, je ne regretterais absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier. » La France comme un jardin, avec sous l’avion qui décollait à l’aube la première lueur dans une ferme et l’odeur de café noir dans une cuisine éclairée. Il vole. Sous lui, maintenant, la découpe des côtes de Provence. Au-delà, il le sait, les radars amis ne le suivront plus sur leurs écrans. Il est seul. Les missions : voilà ce qui donne sens au pilote de guerre. Saint-Ex les prépare avec minutie et n’hésite pas à tourner en rond sur l’objectif en attendant une trouée dans l’écran des nuages. Il y a le maping au 150 mm de focale, pour balayer une zone, ou le dicing au 600 mm, littéralement jouer aux dés avec la mort en passant à basse altitude pour photographier des objectifs stratégiques : le détail d’un wagon, des rails de chemin de fer ou des tanks. Il s’agit d’ensemencer la pellicule comme un bactériologiste ses lamelles de microscope pour recueillir les traces du virus, ce nazisme qui rend la France malade. Après, sur le chemin du retour, il est vrai qu’il a parfois tendance à se perdre, éternel rêveur, ou à ne rien comprendre à l’anglais des contrôleurs américains, source de bévues légendaires. Du coup, aujourd’hui encore dans les salons, on évoque parfois son nom avec un sourire entendu : « Ah ! Saint-Exupéry... grand écrivain mais mauvais pilote. » Qu’en savent-ils, eux qui ne savent ni écrire ni piloter ? Rien. Sinon ils s’inclineraient devant 7000 heures de vol, un premier carnet de vol militaire mention « excellent » à 21 ans, une barrette d’officier un an plus tard, mention « pilote habile, fin et précis », et l’épopée de l’Aéropostale où, quand Saint-Ex ne rêve pas, il sauve cinq pilotes perdus dans le désert, atterrit dans la caillasse sous les tirs des Maures et tourne plusieurs jours dans la tourmente des sommets des Andes à la recherche de Guillaumet perdu. Ensuite, il sera pilote d’essais en aéronautique, mathématicien hors du commun, inventeur de brevets d’aviation et directeur de filiale. Au lieu de souffler, il tente des raids impossibles vers Saigon et le cap Horn, survit aux crashs, devient pilote de combat à Arras, fait la guerre sans tuer et le voilà, homme brisé, fourbu mais tenace, aux commandes d’un laboratoire volant, monstre désarmé réservé à de jeunes pilotes surentraînés, ces gamins prodiges qu’il fascine toujours aujourd’hui ! Son dernier vol est un trou noir. Sur le terrain de Borgo, il est 15 heures et le général René Gavoille tourne en rond en consultant sa montre. Une demi-heure plus tard, il sait que le P-38 F5B n° 223 n’a plus de carburant : Saint-Ex, son ami, a disparu. Sur le carnet d’activité aérienne, une simple mention : « Mission photo en haute altitude sur le sud de la France. Non rentré. » Pendant soixante ans, il faudra se contenter de ce verdict laconique et de milliers de pages d’hypothèses. 11000 avions alliés ont été abattus en France pendant la Seconde Guerre mondiale ; plus de 500 d’entre eux se sont écrasés sur les côtes de Provence ou en mer entre novembre 1943 et 1945. Mais ce matin-là les Allemands n’ont pas abattu un seul avion allié dans la région. Où peut être tombé un avion qui vole à 10 kilomètres de la terre ? Sur les Alpes, dans le Sud-Ouest, dans la vallée du Rhône, en mer ? On recueille des témoignages, on fouille les rapports, on calcule, on explore... Sans vrai résultat. « J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai ... », avait dit l’enfant du désert. Le reste est un conte. Magique quand un marin pêcheur tunisien, Habib Benamor, qui traîne son chalut sur 10000 kilomètres d’eau profonde, remonte, le 7 septembre 1998, au large de Cassis, une concrétion qui brille et ne la rejette pas au fond de la mer. Son patron jean-Claude Bianco jette un oeil sur cette goutte de calcaire, lit « Antoine » comme son deuxième prénom, la nettoie et découvre l’inscription : « Antoine de Saint-Exupéry (Consuelo) - c/o Reynal and Hitchcock Inc. - 386 4th Ave N.Y. City-USA ». Son nom, celui de son épouse qui lui a offert le bijou et l’adresse de l’éditeur new-yorkais qui a publié « le Petit Prince » en anglais : on a retrouvé la gourmette de Saint-Ex ! Après il y a des fous, comme Pierre Becker, patron de Géocéan, entreprise sous-marine d’Aubagne, qui a grandi avec une maquette de P-38 sur sa table de chevet et rêve d’alchimie entre l’homme, la mer et l’avion. Et Henri Delauze, fondateur de la Comex, retraité à l’âme de gamin, spécialiste des grands fonds. Deux hommes qui vont dépenser ensemble 1 bon million d’euros. Pour le bonheur de trouver. Et Luc Van Rell, solide plongeur chasseur d’épaves, qui se rappelle avoir ondulé autour d’un étrange tas de ferrailles à 1 kilomètre au nord-est de l’île de Riou. Et Philippe Castellano, historien-amateur et plongeur, créateur d’Aéro-Relics, qui va mettre des mois à décrypter les hiéroglyphes du numéro moteur frappé à la main sur la carlingue. Des mécaniciens, hommes d’affaires, historiens, pêcheurs, plongeurs, érudits... Tous fous. Mais ils ont trouvé. Sur les quelques morceaux récupérés, un dixième de l’appareil, en septembre 2003, pas de trace de balles mais des pliures telles que l’avion n’a pu que s’écraser, à plus de 800 km/h, à la verticale, droit dans la mer. Saint-Exupéry l’avait annoncé : « Je finirai en croix dans la Méditerranée. » Le reste est de l’ordre du détail. Une panne d’oxygène qui lui fait perdre conscience, une syncope, un moteur du monstre qui lâche, une panne de carburant, un pilote qui pousse sur les manettes vers le grand bleu, une dernière rêverie dans le désert du ciel... peu importe. Quelqu’un a dit qu’il y avait chez lui un « souhait de la mort ». Voilà longtemps qu’il l’avait acceptée. Il avait déjà tout choisi, le moment, le lieu, la manière. Oui, c’était un beau jour pour mourir. Un dernier vol. Un vol sans fin.

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jlsanto
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

En complément, et pour ceux qui aiment la lecture, je vous recommande "La légende de Little Eagle", roman sur la vie d'un jeune pilote indien de l'USA Air Force qui se tuera en France en 1944, et qui va rencontrer Saint Ex lors de son séjour sur l'USS CORSICA : https://www.smashwords.com/books/view/109054
Formats pour tous lecteurs numériques, tablettes, smartphones et ordinateurs - http://www.florianrochat.com
Bonne lecture. Bien à vous. JLSanto
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par KITFOX21 »

J'étais au moins plus de 15 fois en Corse c'est magnifique gens accueillants quand le "pinsut" n'arrive pas en conquérant ou en braillant en italien :D , pas de béton ou pas longtemps (nuits bleues oblige !) en touriste, et pour mon ancien métier (Solenzara ;) )
Mon rêve: un tour de Corse en ULM, en Mirage c'est déjà fait, inoubliable !
As tu déjà fait la traversée continent Corse ?
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jlsanto
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par jlsanto »

Bonjour KITFOX21
Effectivement les Corses (mais ils n'ont pas ce monopole) apprécient relativement mal que l'on arrive en terrain conquis chez eux, sans doute une reminiscence des nombreux envahisseurs de l'Ile, et en général ils le font ressentir "sans modération". En revanche, ceux qui savent être à l'écoute et en proximité repartent en abandonnant leurs idées reçues et leurs préjugés.
Oui j'ai fait la traversée Continent Corse et retour. Je l'ai fait en avion (Beech 33) en place gauche avec mon instructeur et un ami pilote. Notre instructeur nous a laissé tout faire : la navigation (pas évident de se frayer un chemin jusqu'au VOR de Saint Tropez), la rédaction du plan de vol (le premier, ce n'est pas si simple !) la gestion du carburant (escale à Avignon, venant de LFPT), piloter avec des gilets, chercher MERLU en bas sur la mer :D , la visibilité mer ciel qui se mélange, la gestion sympa des contrôleurs d'Ajaccio, ....
C'est à mon avis la meilleure façon de faire pour la première fois. Les fois suivantes, on verra, surtout un ULM.
Maintenant, il y a la version Piombino, Elbe, Bastia, en langue anglaise ou italienne. Mes camarades de vols de Ghisonaccia Alzitone le pratiquent assez souvent.
Bons vols.
JLSanto

J'ai fait il y a trois jours, sous un temps de rève, du vol de montagne. Le GR20 du Nord au Sud, du Cinto à Bavella en passant par tous les lacs de montagne, un vrai bonheur au niveau 100. La vidéo de la GoPro est au montage, bientôt en ligne. On apprends vite ce qu'est une onde orographique, et où est l'adret et l'ubac :) En Corse, l'ubac se dit umbria, un bon moyen mnémotechnique pour comprendre qu'il n'y aura pas beaucoup d'ascendance de ce coté là.
Dernière modification par jlsanto le 13 août 2012, 15:53, modifié 1 fois.
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Ramel
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Re: [PRES] Le terrain chargé d'Histoire sur lequel je vole - Corse, Ghisonaccia Alzitone

Message par Ramel »

jlsanto a écrit :On apprends vite ce qu'est une onde orographique, et où est l'adret et l'ubac :) En Corse, l'ubac se dit umbria, un bon moyen mnémotechnique pour comprendre qu'il n'y aura pas beaucoup d'ascendance de ce coté là.
Ben pour les gens comme moi qui n'y connaissent rien, n'hésite pas à préciser ce que sont ces termes :D
Zenair 601xl
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