Même pour un Nieuport, c’est un plan un peu fort. J’affiche une assiette me permettant de garder 90 km/h, et j’exécute un virage de 270° suivi d’un S glissé (beaucoup trop efficace, je tombe comme un caillou). Je suis à présent face à la piste à une distance de 600 m et une hauteur (AAL) de 450 ft. C’est encore très haut, mais je vise le seuil en forçant la pente qui atteint 14°. La vitesse augmente de 20 km/h, mais cet excès se résorbe instantanément à l’arrondi, et je m’arrête 145 m après le seuil. Je suis au sol en un seul morceau, mais je ne sais pas pourquoi mon moteur a refusé de fonctionner normalement au ralenti.
Compte tenu des conditions du jour, je pense à un givrage du carburateur, même si ça ne m’est jamais arrivé et bien que les carburateurs n’aspirent pas d’air frais. Je tente un démarrage, et le moteur part au quart de tour. J’en profite pour m’approcher du hangar, et constate que le moteur fonctionne bien, mais ne tient pas le ralenti et a des ratés en dessous de 3000 tours. Arrivé devant le hangar, je cale les roues et entreprend une inspection minutieuse qui ne donne rien. Je fais le plein de carburant et patiente un peu pour donner le temps de fondre à d’éventuels glaçons. Un peu plus tard, je refais une tentative, qui se solde par les mêmes conclusions. C’est alors que mon regard se porte sur la commande de starter, qui est restée tirée pendant tout le vol ! En vol et à haut régime, les conditions du jour ont visiblement permis un fonctionnement presque normal malgré cet enrichissement, mais le ralenti restait impossible. Je ne suis pas fier, et une question s’impose : comment ais-je pu commettre une bourde pareille ? Après la mise en route, je repousse systématiquement le starter, car le moteur n’en a plus besoin, même en hiver. Aujourd’hui, je l’ai consciemment gardé, sans savoir pourquoi, mais aillant le sentiment que ça s’imposait. Au moment des vérifications avant décollage, j’ai simplement omis de vérifier (comme j’ai dû le faire inconsciemment depuis pas mal de temps) parce que j’étais convaincu de toujours le faire après la mise en route.
Conclusions :
1) Humaine : je me rends compte que la routine a pris le pas sur la rigueur dans certains de mes comportements. Je prends cet événement comme un coup de semonce et une injonction à redresser la barre.
2) Technique : Je commence à maitriser la panne moteur sur engin léger à forte trainée. Le Nieuport autorise des pentes très fortes sans pour autant pénaliser la distance d’atterrissage. Il faut juste avoir confiance et foncer comme un Dahu vers le seuil d’un champ long de 150m !
3) Technique bis : Il me semble que le moteur tournait plus rond au régime de croisière avec le starter tiré. Il faudra donc que je me penche à nouveau sur le réglage de la richesse.
Ehroflug Coach II S & Graham Lee Nieuport 17 full size.