Dan a écrit :C'est "dérapage extérieur" par rapport à quoi ?
C'est par rapport au sens vers lequel on dérape !
Intérieur : c'est vers l'intérieur du virage. Extérieur c'est vers l'extérieur du virage.
Bonjour à tous ! Cette affaire de terminologie m'a trituré la cervelle, pourtant je ne suis pas encore un vrai pilote. J'ai juste passé mon brevet ULM et j'attends l'argent pour recommencer à voler
. A votre bon coeur messieurs dames
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Je pense qu'il faut comprendre pourquoi on utilise certains termes, cela aide à comprendre. On a trop tendance à accepter sans réfléchir des termes inadaptés comme "glissade" parce que "c'est comme ça qu'on m'a appris". Voila mes explications perso, j'espère que je me trompe pas trop !
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Quand le fuselage d'un avion n'est plus parallèle aux filets d'air, il est en dérapage. On le remarque facilement car la bille est en vrac. Quand on fait une "glissade", la bille est en vrac aussi, l'avion n'est donc plus parallèle aux filets d'air, il est donc en dérapage. La glissade est donc le nom de l'une des deux dérapages qui existent : c'est le "dérapage intérieur". L'autre, c'est le dérapage extérieur. On verra après pourquoi on doit dire "intérieur" ou "extérieur" .
Dans l'ancienne terminologie, le terme de "dérapage" n'était utilisé que pour un seul type de dérapage : celui qu'on appelle maintenant le "dérapage extérieur". C'était un peu bizarre comme manière de s'exprimer car tout laissait penser qu'il n'y avait qu'un seul type de dérapage, et que la glissade n'en était pas un. Si si si ! la glissade est un dérapage !
Pour comprendre les dérapages, il faut prendre en compte les références, c'est à dire se demander "par rapport à quoi ?".
Les deux références sont la trajectoire réelle de l'avion, et l'axe du fuselage.
Entre les deux il y a un angle : c'est l'angle de dérapage. Il se perçoit et se quantifie (pifométriquement) par la position de la bille qui est plus ou moins éloignée du centre du tube, l'angle de dérapage est alors plus ou moins grand.
L'hélice tracte l'avion dans son axe, (même en vol dérapé !)
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En vol dérapé (comme son nom l'indique) : l'avion se déplace un peu sur son coté. Il dérape quoi ! Pour visualiser : on peut imaginer un point au centre de l'avion. Ce point avance en suivant les pointillés du milieu d'une route virtuelle (comme une route pour automobiles), on avance sur les pointillés tel un crabe (car le nez de l'avion est à droite ou à gauche des pointillés), le déplacement ne se fait pas dans le sens de l'axe de l'avion (sinon ce serait du vol en symétrie, en ce moment on ne parle que des vols dissymétriques).
Dans notre hypothèse l'avion est en virage. Les effets aérodynamiques dus à la position de la gouverne de direction le font déraper vers la droite ou vers la gauche de l'axe du fuselage de l'avion. La résultante de ces deux forces (traction longitudinale et dérapage sur un coté) donne la trajectoire (qui je le rappelle pourrait être visualisée par les pointillés de la route). Dans un virage, le centre de l'avion peut suivre parfaitement les pointillés du milieu de la route virtuelle même si le nez de l'avion est à gauche ou à droite des pointillés.
La nouvelle terminologie est logique (eh oui ! heureusement !!! on n'aurait pas changé pour utiliser des mots inadaptés) :
L'avion est toujours dans son virage. Pour se situer dans les virages (même sur les routes en goudron), on dit "intérieur " ou "extérieur". Lorsque l'avion en virage subit son accélération latérale (dans le sens du dérapage bien-sûr), on dit que le dérage est vers l'intérieur ou vers l'extérieur du virage.
La trajectoire de l'avion en virage ressemble à la piste d'un vélodrome qui comme chacun le sait est très inclinée.
Parlons de la glissade parce que c'est le plus intéressant :
La glissade est un type précis de dérapage : celui du dérapage vers l'intérieur du virage. Le nez de l'avion, donc l'axe de l'avion, est dirigé vers le haut de la piste de vélos. Le centre de l'avion suit une ligne imaginaire longitudinale comme les pointillés des routes de nos bagnoles. Le vent relatif (qui correspond à l'axe de déplacement), est parallèle à ces pointillés de ce vélodrome.
Pour un avion dans une telle position, l'intérieur est bien-sûr du coté de l'aile basse, à l’intérieur du virage. Monsieur de la Palisse n'aurait pas mieux dit . La référence "intérieure" est tout ce qui est en dessous de l'axe du fuselage de l'avion (tout ce qui est plus bas que l'axe du fuselage). La bille aussi est bien-entendu du coté intérieur, elle est toujours du coté du vent relatif. Un virage de ce type est non-glissé ! C'est pour cela qu'on a changé la terminologie. Rien du tout, mais rien de rien est en train de glisser ! En effet, le centre de l'avion suit parfaitement les pointillés formant la ligne centrale tout en volant en crabe, l'avion ne glisse pas vers le bas de la piste ! Dans l'ancienne terminologie, on disait quand même qu'il était en "glissade" (en "glissade sur l'aile" qu'ils disaient) comme si l'aile était une sorte de ski sur lequel l'avion glisserait latéralement vers le bas de la piste du vélodrome ! Non non non ! pas d'accord, je répète que l'avion peut très bien ne pas glisser. C'est seulement dans certains cas de vols mal maitrisés ou dans des cas volontairement voulus que l'avion peut réellement glisser dans le virage. L'expression "glissade sur l'aile" était donc mal adaptée puisque l'avion ne glissait pas toujours. (Par contre hé hé hé : que l'avion glisse sur l'aile ou qu'il ne glisse pas sur l'aile pendant un virage où la bille est à l'intérieur : l'avion est toujours en dérapage ! Voilà pourquoi ce terme "dérapage" est mieux adapté que "glissade" !).
Imaginons maintenant que ce même avion doive sortir de son virage. Je ne l'ai pas dit, je le précise maintenant : l'avion était très haut et en même temps il était en train de tourner pour se mettre face de la piste pour atterrir. Comme cet avion est trop haut, il garde cette attitude de crabe (on verra après pourquoi). Pour voler désormais en ligne droite et rester dans l'axe de la piste, le pilote dose son action sur le palonnier correspondant à l'aile haute et il dose en même temps son inclinaison avec la manche. Ainsi, le souffle du vent sur la gouverne de direction compense la propension de l'avion à vouloir tourner dans le sens de l'inclinaison de l'aile. L'avion reste alors en trajectoire droite, mais il reçoit beaucoup d'air sur le coté du fuselage. Quel coté du fuselage ? Celui qui était du coté intérieur du virage ! Ce vent relatif crée beaucoup de trainée, il y a donc moins de portance, l'avion descend donc plus vite, c'était l'effet recherché puisqu'il était trop haut.
J'espère que ces tentatives d'explications sont les bonnes pour comprendre la "glissade en ligne droite" (que l'on devrait appeler le "dérapage intérieur en ligne droite").
Si on explique ce phénomène de "dérapage intérieur" qui se produit en ligne droite sans expliquer au préalable le même phénomène en virage, il est plus difficile de comprendre la terminologie "intérieur" puisqu'il n'y a pas d'intérieur dans une trajectoire droite. En quelque sorte (mais chut, il ne faut pas le dire) : l'avion qui est en "dérapage intérieur en ligne droite" (ex "glissade en ligne droite") est dans une "attitude" de virage dans sa trajectoire en ligne droite, il donne l'impression qu'il est en virage. Voila pourquoi on peut quand même utiliser le terme "intérieur" qui normalement ne doit s'appliquer que dans les cas des virages. (En d'autres mots : on parle de "l'intérieur" du virage qui se produirait si on n'appuyait pas assez sur le palonnier de l'aile haute).
Je ne sais pas si j'ai été clair ... j'ai essayé ...
Tout le monde est d'accord ou non ? C'était pas assez long ? Je recommence ?