Réservoirs de carburant souples « antidéflagrants » une fausse bonne idée :
Publié : 19 déc. 2017, 09:01
Dans le cadre de la remise en état de vol de mon appareil, sous registre ULM Italien, j’ai rencontré un problème de fuite récurent sur un de mes réservoirs de carburant souple « anti déflagrant » de chez Merin.it.
J’ai réussi à démonter le réservoir concerné (ce n’est jamais simple) puis après inspection j’ai pu déterminer une zone ou le matériau est craquelé d’environ 8 cm x 6 cm. C’est exactement à l’endroit de la fuite. Le reste du réservoir ne présente absolument aucune craquelure de cette nature, et aucune trace d’abrasion. Ce problème me semble pouvoir avoir plusieurs origines, soit un défaut chimique dans le matériau d’origine, soit c’est le résultat d’une projection d’un produit incompatible avec le matériau du réservoir (par exemple, de l’huile de frein DOT4). Au vu de la disposition du réservoir je vois difficilement comment un tel produit peut arriver là, mais c’est tout de même une possibilité…
Confiant dans la qualité du produit, je contacte le constructeur des réservoirs en lui demandant si une prise en garantie ou une participation de sa part, au moins pour que l’on comprenne d’où vient le problème, serrait bienvenue (car si c’est une agression chimique, bien entendu, je suis OK pour payer la réparation). Là je reçois un mail générique, qui me précise qu’aucune garantie ne sera appliquée au-delà de la période de 24 mois, que pour une durée de vie de 7 ans il ‘est pas anormal qu’il y ait un problème… il faut que je leur fournisse mes deux réservoirs pour inspection et un devis me sera envoyé…
Je réponds que je suis un peu déçu par la non prise en garantie (bien qu’effectivement, au-delà de la durée légale, ce n’est pas un dû…), disons qu’un geste commercial, même une vague promesse aurait été bienvenue.
Mais surtout démonter mon deuxième réservoir, qui après inspection in situ ne présente aucune trace de désordre, implique que je le vidange et me demande plusieurs jours de travail. Et puis avant d’envisager une expédition par transporteur il faut dégazer les réservoirs, ceux-ci sont remplis de mousses « anti déflagration » ça ne doit pas faciliter la chose ! Par ailleurs, envoyer mes deux réservoirs en Italie, sans avoir la moindre idée du coût et du délais d’une réparation me pose problème.
Je demande donc si l’application par mes soins sur la zone présentant un défaut d’un kit de réparation que Merin est sensé vendre ne serrait pas une bonne idée… Et là, je ne reçois aucune réponse.
J’insiste et fait un deuxième mail, aucune réponse. Un troisième, aucune réponse…
Finalement, j’écris un dernier Mail avec accusé de réception où j’explique que, faute de réponse, j’écrirais un article sur le sujet dans les forum aéro que je fréquente.
Et là, miracle, immédiatement je reçois une réponse - en français - dont voici un extrait :
« Cher Gabriel,
On a jamais répondu que on n’a pas d’intéresse à vous donner de l’aide avec les réservoirs, nous avons écrit dans le mois de novembre (ci-joint notre première email) que vous pouvez nous livrer les réservoirs pour faire des épreuves, et en cas de besoin, faire des réparations. On peut pas agir comme vous prétendez, notre politique de qualité ne permette pas de vous envoyer un morceau de matériau. On doit faire les épreuves chez nous, vous n’avez pas l’expérience ni la connaissance du produit pour le faire chez vous. »
Pour moi cette réponse, qui a le mérite d’être claire, met en lumière deux choses :
- Sur le fond, pourquoi pas, ils fabriquent des kits de réparation mais refusent de me les vendre, c’est leur droit, mais il est inacceptable que l’on ne prenne pas la peine de l’écrire au client ! Comment peut on imaginer qu’une société sérieuse ait pour politique de ne pas répondre à ces clients qui ont des difficultés, à partir du moment ou cela ne les intéresse pas ?
- Sur le choix du système, dans leur premier mail, le fabricant m’explique :
« Dalle foto che ci ha inviato, risultano visibili delle screpolature dovute ad invecchiamento del materiale in corrispondenza della filettatura. Trattandosi di serbatoi di oltre 7 anni di età è normali che essi possano presentare delle anomalie. Ovviamente i serbatoi sono ormai fuori garanzia (la quale ha una copertura per 24 mesi). In questo caso sarebbe utile se ci ritornasse i serbatoi (dx + sx) per ispezioni visive, collaudo ed eventuali riparazioni. Il prezzo di questa attività vi sarà quantificato dopo l'esame degli stessi. »
Traduction :
D'après les photos que vous nous avez envoyés, les fissures sont visibles en raison du vieillissement du matériau au niveau du filetage.
Étant des réservoirs de plus de 7 ans, il est normal qu'elles puissent présenter des anomalies.
De toute évidence les réservoirs sont maintenant hors garantie (qui a une couverture de 24 mois). Dans ce cas, il serait utile que vous retourniez les réservoirs (droite + gauche) pour des inspections visuelles, des tests et des réparations.
Le prix de cette activité sera quantifié après l'examen de la même chose.
Ma réflexion est la suivante : la durée de vie de 7 ans semble poser problème au constructeur, en tout cas cela ne se fait qu’aux risques et périls de l’utilisateur. Que l’on envisage de faire réviser les réservoirs lors d’une révision décennale, passe encore, mais qui pourra déposer, dégazer et envoyer en révision ces réservoirs tous les 24 mois ?
D’autant que sur la plupart des machines, enlever les réservoirs nécessite de déposer les ailles.
J’ai bien peur que, malgré le côté séduisant de la chose, utiliser ce type de produits en aviation légère ne soit pas une bonne idée.
On est sensé éviter un risque d'embrasement lors d'un accident mais si c'est pour créer des risques de fuites en usage normal, je ne suis pas sur que le gain de sécurité soit appréciable.
Par souci d’équité, (je n’aime pas trop critiquer une entreprise commerciale sans lui laisser ces chances de réponses), ci dessous la réponse du fabriquant ainsi que mes commentaires - je suis désolé du côté forcément polémique de la chose...
Gabriel .
J’ai réussi à démonter le réservoir concerné (ce n’est jamais simple) puis après inspection j’ai pu déterminer une zone ou le matériau est craquelé d’environ 8 cm x 6 cm. C’est exactement à l’endroit de la fuite. Le reste du réservoir ne présente absolument aucune craquelure de cette nature, et aucune trace d’abrasion. Ce problème me semble pouvoir avoir plusieurs origines, soit un défaut chimique dans le matériau d’origine, soit c’est le résultat d’une projection d’un produit incompatible avec le matériau du réservoir (par exemple, de l’huile de frein DOT4). Au vu de la disposition du réservoir je vois difficilement comment un tel produit peut arriver là, mais c’est tout de même une possibilité…
Confiant dans la qualité du produit, je contacte le constructeur des réservoirs en lui demandant si une prise en garantie ou une participation de sa part, au moins pour que l’on comprenne d’où vient le problème, serrait bienvenue (car si c’est une agression chimique, bien entendu, je suis OK pour payer la réparation). Là je reçois un mail générique, qui me précise qu’aucune garantie ne sera appliquée au-delà de la période de 24 mois, que pour une durée de vie de 7 ans il ‘est pas anormal qu’il y ait un problème… il faut que je leur fournisse mes deux réservoirs pour inspection et un devis me sera envoyé…
Je réponds que je suis un peu déçu par la non prise en garantie (bien qu’effectivement, au-delà de la durée légale, ce n’est pas un dû…), disons qu’un geste commercial, même une vague promesse aurait été bienvenue.
Mais surtout démonter mon deuxième réservoir, qui après inspection in situ ne présente aucune trace de désordre, implique que je le vidange et me demande plusieurs jours de travail. Et puis avant d’envisager une expédition par transporteur il faut dégazer les réservoirs, ceux-ci sont remplis de mousses « anti déflagration » ça ne doit pas faciliter la chose ! Par ailleurs, envoyer mes deux réservoirs en Italie, sans avoir la moindre idée du coût et du délais d’une réparation me pose problème.
Je demande donc si l’application par mes soins sur la zone présentant un défaut d’un kit de réparation que Merin est sensé vendre ne serrait pas une bonne idée… Et là, je ne reçois aucune réponse.
J’insiste et fait un deuxième mail, aucune réponse. Un troisième, aucune réponse…
Finalement, j’écris un dernier Mail avec accusé de réception où j’explique que, faute de réponse, j’écrirais un article sur le sujet dans les forum aéro que je fréquente.
Et là, miracle, immédiatement je reçois une réponse - en français - dont voici un extrait :
« Cher Gabriel,
On a jamais répondu que on n’a pas d’intéresse à vous donner de l’aide avec les réservoirs, nous avons écrit dans le mois de novembre (ci-joint notre première email) que vous pouvez nous livrer les réservoirs pour faire des épreuves, et en cas de besoin, faire des réparations. On peut pas agir comme vous prétendez, notre politique de qualité ne permette pas de vous envoyer un morceau de matériau. On doit faire les épreuves chez nous, vous n’avez pas l’expérience ni la connaissance du produit pour le faire chez vous. »
Pour moi cette réponse, qui a le mérite d’être claire, met en lumière deux choses :
- Sur le fond, pourquoi pas, ils fabriquent des kits de réparation mais refusent de me les vendre, c’est leur droit, mais il est inacceptable que l’on ne prenne pas la peine de l’écrire au client ! Comment peut on imaginer qu’une société sérieuse ait pour politique de ne pas répondre à ces clients qui ont des difficultés, à partir du moment ou cela ne les intéresse pas ?
- Sur le choix du système, dans leur premier mail, le fabricant m’explique :
« Dalle foto che ci ha inviato, risultano visibili delle screpolature dovute ad invecchiamento del materiale in corrispondenza della filettatura. Trattandosi di serbatoi di oltre 7 anni di età è normali che essi possano presentare delle anomalie. Ovviamente i serbatoi sono ormai fuori garanzia (la quale ha una copertura per 24 mesi). In questo caso sarebbe utile se ci ritornasse i serbatoi (dx + sx) per ispezioni visive, collaudo ed eventuali riparazioni. Il prezzo di questa attività vi sarà quantificato dopo l'esame degli stessi. »
Traduction :
D'après les photos que vous nous avez envoyés, les fissures sont visibles en raison du vieillissement du matériau au niveau du filetage.
Étant des réservoirs de plus de 7 ans, il est normal qu'elles puissent présenter des anomalies.
De toute évidence les réservoirs sont maintenant hors garantie (qui a une couverture de 24 mois). Dans ce cas, il serait utile que vous retourniez les réservoirs (droite + gauche) pour des inspections visuelles, des tests et des réparations.
Le prix de cette activité sera quantifié après l'examen de la même chose.
Ma réflexion est la suivante : la durée de vie de 7 ans semble poser problème au constructeur, en tout cas cela ne se fait qu’aux risques et périls de l’utilisateur. Que l’on envisage de faire réviser les réservoirs lors d’une révision décennale, passe encore, mais qui pourra déposer, dégazer et envoyer en révision ces réservoirs tous les 24 mois ?
D’autant que sur la plupart des machines, enlever les réservoirs nécessite de déposer les ailles.
J’ai bien peur que, malgré le côté séduisant de la chose, utiliser ce type de produits en aviation légère ne soit pas une bonne idée.
On est sensé éviter un risque d'embrasement lors d'un accident mais si c'est pour créer des risques de fuites en usage normal, je ne suis pas sur que le gain de sécurité soit appréciable.
Par souci d’équité, (je n’aime pas trop critiquer une entreprise commerciale sans lui laisser ces chances de réponses), ci dessous la réponse du fabriquant ainsi que mes commentaires - je suis désolé du côté forcément polémique de la chose...
Gabriel .