La difficulté de "savoir renoncer"
Publié : 16 oct. 2017, 11:42
Bonjour à tous,
Aujourd'hui pas de questions Mais un témoignage sur le "savoir renoncer", dont je commence à comprendre toute l'importance, du haut de ma jeune expérience...
Pas habitué des navs, je m'en suis bouffé 2 dernièrement, et pas des moindres, puisqu'il s'agissait de ramener ma machine en vol depuis Francfort (700km), puis l'emmener chez l'importateur (encore 700km).
Pour la première, un souci de carburation (ratés moteur) m'ont fait me poser sur un terrain en Bavière, qui fort heureusement était équipé d'un atelier aviation, qui m'a permis de faire checker les carbus, mais avec une immobilisation de 3 heures.
J'avais prévu ma nav avec une arrivée dans l'après-midi, et j'étais contrarié. Je voulais avancer. Il était 15 heures, la journée ensoleillée, je repars pour quelques tours de pistes pour vérifier le moteur, tout va bien, je dis au revoir et je poursuis. Je ne pousse pas le moteur, je reste à 4000-4300 RPM, je ne sais pas pourquoi, sûrement car j'ai eu les ratés vers 5000 RPM, mais cela me mets encore en retard. Bizarrement mon plan de vol a été clôturé par l'Allemagne avant même que je me pose, sans que je ne demande quoique ce soit. Super efficace, si je m'étais crashé sur le parcours, on ne m'aurait pas recherché...
J'arrive en Alsace en fin d'après-midi, je me pose, refuelle, j'achète de l'eau, fais une petite pause car je fatigue vite, le stress et le manque d'habitude n'aidant pas... Mine de rien, je viens de remanger une heure sur le planning. J'ai encore facile deux heures de vol devant moi. Je me dis ça va, le coucher du soleil est à 20:30, j'ai le droit de voler jusqu'à 21:00, ça va le faire. Je choisis de ne pas contacter Bâle-Info, pour m'épargner une charge de travail supplémentaire.
Les Vosges, c'est impressionnant. C'est très forestier, et, en recherche quasi permanente de terrain de vachage, je me mets à penser que si j'ai une panne moteur ici je suis cuit. Bon, je passe au-dessus de Saint-Dié, j'ai besoin d'une pause, ça me rassure, ça va me prendre 5 minutes à tout casser. Et bien non, hop, je viens de remanger 30 minutes.
Le soleil commence à descendre. Tout va bien, j'ai jusqu'à 21:00. Sauf que, vers 20:15, je me dis, tiens il commence à faire sombre... Je me laisse bercer par la tranquillité du vol du soir, c'est de l'huile. Le soleil a disparu derrière les Vosges, que je viens juste de passer. Punaise, il commence vraiment à faire sombre... Petit stress... Mais je me dis aller continue tu y es presque... Gros coup de stress quand je me rends compte que la visibilité chute minute par minute. Je me dis c'est pas possible, la nuit aéro c'est 30 minutes APRES le coucher, c'est sûrement prévu pour! J'ai le temps! Je viens de passer Montbéliard. Je réalise que dans 10 minutes je ne verrai certainement plus le sol. Aller, j'arrête de jouer au c.., demi-tour et je pose à Montbéliard. Il est 20:30, et je me pose sur un terrain désert. Je parque la machine, je sors. La nuit est maintenant bien tombée et il n'est que 20:45. Si j'avais continué, je me serais retrouvé en vol, dans le noir. Je me dis que j'ai sacrément bien fait...
Je passe la nuit à l'hotel, dors très peu, car la météo du lendemain annonce des orages à partir de midi sur ma destination. Je refuelle et me dépêche de repartir. Encore une pause à Pontarlier pour me dégourdir les jambes. Le ciel est bleu, j'ai du mal à croire qu'il va faire de l'orage...
Je redécolle, mon terrain de destination est derrière le Jura. Le Jura c'est comme les Vosges, pour se vacher c'est compliqué... Et ça commence à bouger pas mal, je me dis que ça doit annoncer les perturbations. Le ciel se ferme. Le terrain est en vue, avec des gros cumulus noirs qui avancent dessus, mais le Jura est passé. Je pose enfin, rentre la machine. 5 minutes après, une pluie diluvienne s'abat sur le terrain. Encore une fois je l'ai échappé belle. Avec le recul, je me dis que je n'aurais pas du jouer à ça et faire demi-tour, et poser à Oyonnax, sans aller contre le front orageux qui avançait. J'ai vraiment eu beaucoup de chance...
Les leçons que j'en tire sur cette nav: surtout quand on est débutant, prévoir des grosses marges. Je comprends maintenant pourquoi dans les aéroclubs elles sont souvent si restrictives et parfois exagérées.
La nuit aéro c'est officiellement 30 minutes APRES le coucher du soleil; mais dorénavant ce sera 30 minutes AVANT en ce qui me concerne. Et j'en ferai ma limite absolue.
Que ce soit pour la météo ou la nuit, il faut que j'intègre qu'il vaut parfois mieux se poser, quitte à laisser la machine sur un terrain ou bien au chaud dans un hangar
, et revenir la récupérer quelques jours après. Et se dire tant pis, c'est un moindre mal.
Aujourd'hui pas de questions Mais un témoignage sur le "savoir renoncer", dont je commence à comprendre toute l'importance, du haut de ma jeune expérience...
Pas habitué des navs, je m'en suis bouffé 2 dernièrement, et pas des moindres, puisqu'il s'agissait de ramener ma machine en vol depuis Francfort (700km), puis l'emmener chez l'importateur (encore 700km).
Pour la première, un souci de carburation (ratés moteur) m'ont fait me poser sur un terrain en Bavière, qui fort heureusement était équipé d'un atelier aviation, qui m'a permis de faire checker les carbus, mais avec une immobilisation de 3 heures.
J'avais prévu ma nav avec une arrivée dans l'après-midi, et j'étais contrarié. Je voulais avancer. Il était 15 heures, la journée ensoleillée, je repars pour quelques tours de pistes pour vérifier le moteur, tout va bien, je dis au revoir et je poursuis. Je ne pousse pas le moteur, je reste à 4000-4300 RPM, je ne sais pas pourquoi, sûrement car j'ai eu les ratés vers 5000 RPM, mais cela me mets encore en retard. Bizarrement mon plan de vol a été clôturé par l'Allemagne avant même que je me pose, sans que je ne demande quoique ce soit. Super efficace, si je m'étais crashé sur le parcours, on ne m'aurait pas recherché...
J'arrive en Alsace en fin d'après-midi, je me pose, refuelle, j'achète de l'eau, fais une petite pause car je fatigue vite, le stress et le manque d'habitude n'aidant pas... Mine de rien, je viens de remanger une heure sur le planning. J'ai encore facile deux heures de vol devant moi. Je me dis ça va, le coucher du soleil est à 20:30, j'ai le droit de voler jusqu'à 21:00, ça va le faire. Je choisis de ne pas contacter Bâle-Info, pour m'épargner une charge de travail supplémentaire.
Les Vosges, c'est impressionnant. C'est très forestier, et, en recherche quasi permanente de terrain de vachage, je me mets à penser que si j'ai une panne moteur ici je suis cuit. Bon, je passe au-dessus de Saint-Dié, j'ai besoin d'une pause, ça me rassure, ça va me prendre 5 minutes à tout casser. Et bien non, hop, je viens de remanger 30 minutes.
Le soleil commence à descendre. Tout va bien, j'ai jusqu'à 21:00. Sauf que, vers 20:15, je me dis, tiens il commence à faire sombre... Je me laisse bercer par la tranquillité du vol du soir, c'est de l'huile. Le soleil a disparu derrière les Vosges, que je viens juste de passer. Punaise, il commence vraiment à faire sombre... Petit stress... Mais je me dis aller continue tu y es presque... Gros coup de stress quand je me rends compte que la visibilité chute minute par minute. Je me dis c'est pas possible, la nuit aéro c'est 30 minutes APRES le coucher, c'est sûrement prévu pour! J'ai le temps! Je viens de passer Montbéliard. Je réalise que dans 10 minutes je ne verrai certainement plus le sol. Aller, j'arrête de jouer au c.., demi-tour et je pose à Montbéliard. Il est 20:30, et je me pose sur un terrain désert. Je parque la machine, je sors. La nuit est maintenant bien tombée et il n'est que 20:45. Si j'avais continué, je me serais retrouvé en vol, dans le noir. Je me dis que j'ai sacrément bien fait...
Je passe la nuit à l'hotel, dors très peu, car la météo du lendemain annonce des orages à partir de midi sur ma destination. Je refuelle et me dépêche de repartir. Encore une pause à Pontarlier pour me dégourdir les jambes. Le ciel est bleu, j'ai du mal à croire qu'il va faire de l'orage...
Je redécolle, mon terrain de destination est derrière le Jura. Le Jura c'est comme les Vosges, pour se vacher c'est compliqué... Et ça commence à bouger pas mal, je me dis que ça doit annoncer les perturbations. Le ciel se ferme. Le terrain est en vue, avec des gros cumulus noirs qui avancent dessus, mais le Jura est passé. Je pose enfin, rentre la machine. 5 minutes après, une pluie diluvienne s'abat sur le terrain. Encore une fois je l'ai échappé belle. Avec le recul, je me dis que je n'aurais pas du jouer à ça et faire demi-tour, et poser à Oyonnax, sans aller contre le front orageux qui avançait. J'ai vraiment eu beaucoup de chance...
Les leçons que j'en tire sur cette nav: surtout quand on est débutant, prévoir des grosses marges. Je comprends maintenant pourquoi dans les aéroclubs elles sont souvent si restrictives et parfois exagérées.
La nuit aéro c'est officiellement 30 minutes APRES le coucher du soleil; mais dorénavant ce sera 30 minutes AVANT en ce qui me concerne. Et j'en ferai ma limite absolue.
Que ce soit pour la météo ou la nuit, il faut que j'intègre qu'il vaut parfois mieux se poser, quitte à laisser la machine sur un terrain ou bien au chaud dans un hangar
, et revenir la récupérer quelques jours après. Et se dire tant pis, c'est un moindre mal.