Je range mes affaires et me presse vers le Nieuport. Il dégouline comme s’il sortait de l’eau. Vu du sol, l’horizon semble dégagé. Je décide de décoller. Le ciel ressemble toujours à ce que j’ai quitté avant de me poser, mais je ne suis plus sous la pluie. Je retrouve mon bon vent arrière et progresse vers Vitry le François que je passe après 25 minutes de vol. J’arrive à monter à presque 1000 pieds/sol, mais j’aperçois à gauche et à droite des zones qu’il me serait impossible de traverser. J’ai la chance d’avoir devant moi un horizon suffisamment marqué.

Je traverse la zone de Bar le Duc sans trop de problème mais j’appréhende l’arrivée sur Verdun et ses collines qui culminent à 1200 ft. Ça se couvre, je suis obligé de descendre à 500 ft/sol. Au bout d’une heure, j’aborde les côtes de Meuse avec suffisamment de plafond pour les franchir en sécurité. Je passe la Meuse, je vois l’autoroute, le terrain, J’y suis ! Un bref tour de piste et je me pose sur la 28 herbe. Je descends de l’appareil pour lui faire faire demi-tour et remonter vers les hangars. L’herbe est un peu haute et détrempée, et il se remet à pleuvoir !
J’atteins le bord de la piste en dur, je coupe tout et applique à nouveau le portage de queue pour rejoindre le hangar qu’on nous a assigné. J’ai un SMS avec une photo du hangar et 2 codes pour déverrouiller les portes d’accès. Tout marche comme sur des roulettes et me voici aussitôt dans un hangar de 600 m2 parfaitement vide ! On ne risque pas de trouver ça dans la région de Toulouse. Il n’y a plus qu’à ouvrir les portes et mettre le Nieuport à l’abri. Un bon point : Les verrous sont simples. Je commence à pousser la première porte et au bout de 2 mètres, elle se bloque !
J’ai beau tirer, pousser, forcer, rien n’y fait. Ces portes n’ont pas dû être ouvertes depuis des lustres, les glissières sont pleines de sable et de cailloux ! Je les nettoie comme je peux, mais la porte est toujours bloquée. Je passe un coup de téléphone pour essayer de trouver une solution mais je sens qu’il va falloir que je me débrouille… J’applique donc la méthode brutale : je force comme un âne et finit par réussir à ouvrir 2 portes. La 3ème ne bougera pas de toute la semaine mais ce n’est pas grave, le Nieuport passe largement. Un petit porté de plus et l’oiseau est à l’abri. Ouf !

Une dame du mémorial m’apporte une voiture de location, je me rends à mon hôtel et après une bonne douche, je vais festoyer au Buffalo Gril voisin. La bière a une saveur particulière ce soir. J’en ai bavé, mais aussi incroyable que cela ait pu me sembler 3 jours plus tôt, j’y suis ! Je suis même en avance, et demain je vais en profiter pour me promener un peu dans Verdun. Me promener, et suivre attentivement le voyage d’Alain, qui doit décoller demain matin, et qui, vu la météo, devrait avoir du fil à retordre…
A toi Alain !