Quand mes occupations professionnelles m’ont enfin laissé le temps de me consacrer à la construction, mon projet avait déjà bien évolué. En effet, après avoir fait le tri entre les mauvais et les bons conseils, j’avais décidé de me lancer dans la construction d’un ULM. Il ne me restait plus qu’à établir un cahier des charges. En voici les grandes lignes :
- Biplace, pour promener les enfants
- Côte à côte, pour la convivialité et surtout pour surveiller mon fils autiste et épileptique
- Cockpit ouvert, pour le plaisir
- Train classique, pour garder la main (et les pieds)
- Exotique, pour ne pas faire comme tout le monde.
Au milieu de toutes les brochures que j’ai demandé, celle du Coach retient mon attention.L’idée commence donc à faire son chemin, et j’envoie un courrier au directeur de la société Ehroflug, Kurt Ehrat. Je lui précise que, si les kits ne m’intéressent pas, je suis prêt en revanche à acheter les plans et à tout faire moi-même. Après tout, j’ai quand même cinq ans de chaudronnerie aéronautique dans ma besace. Certes, c’était il y a dix ans. La réponse ne se fait pas attendre : « Mon cher Monsieur, souder un fuselage en tube d’acier est tout bonnement impossible sans bâti. Achetez donc un kit ! ». J’expédie un nouveau courrier en me permettant d’insister… « Vendez-moi ces fichus plans, et laissez-moi faire ! » Je passe évidement un certain temps sans recevoir la moindre réponse. Et puis un jour, miracle ! Une lettre qui ressemble à un cadeau du ciel : « Nous avons dans notre usine un lot de pièces et de matière issu d’une tentative de fabrication en série en République tchèque. Ils ont refusé l’obstacle et ont tout renvoyé pêle-mêle. Si vous voulez, c’est à vous, pour pas cher (10 000 Deutsch Mark de l’époque). » Ces pièces ont été fabriquées en Allemagne, ont fait un aller-retour par la route, et les voilà, en vrac. Plutôt que de tout trier pour essayer de produire un kit conforme au catalogue, ils préfèrent se débarrasser du lot. Ca leur coûte moins cher. Donc je tombe à pic ! Ce qui me plaît aussi dans ce projet, c’est qu’il est fait pour être motorisé par un Volkswagen ou équivalent. Or l’idée d’utiliser ce moteur vieux de soixante-dix ans me parait séduisante. Banco, j’accepte l’offre qui m’est faite… Quand puis-je venir chercher tout ça ?
Nous planifions un départ dès que possible, malheureusement reporté une première fois pour cause de tempête de neige ! Et oui, nous sommes en février, et l’usine où le kit nous attend se trouve à Krumbach, dans le sud de l’Allemagne. Ce n’est que partie remise. Quinze jours plus tard, nous voilà partis avec toute la famille. Pour l’occasion, nous avons loué un Trafic avec galerie, en espérant que tout puisse tenir dedans ! La première étape nous amène à Mulhouse, où nous passons la nuit. Le lendemain, nous traversons la frontière, et pénétrons en forêt noire. Des congères d’un mètre bordent encore la route ! On aurait eu du mal à passer la semaine précédente ! Nous arrivons à Krumbach et trouvons rapidement l’usine. Kurt nous y attend avec son Coach à lui, tout juste sorti de sa remorque de transport mais non assemblé.
Je découvre le kit qui comprend le fuselage soudé à 90 %, toutes les nervures en bois, le capot moteur et les carénages de roue en fibre de verre, les roues, les sièges, les ceintures et tous les tubes nécessaires au reste de la construction. Il y a aussi tout un tas de trucs qui ont l’air d’être des bâtis d’assemblage, mais Kurt n’a pas d’idées précises concernant leur utilité. Pas grave, j’ai payé, j’embarque ! On triera les patates à l’arrivée. J’en profite pour photographier son Coach sous tous les angles, et pour l’admirer avec envie. Je regretterai plus tard de ne pas avoir pris plus de clichés.