Bonjour à tous,
Effectivement, il faut qu'un ancien chasseur intervienne !!!
Beaucoup dans ce forum me connaissent, je vais donc rétablir certaines idées préconçues et souvent faussent bien sûr.
Tout d'abord, je ne parlerai qu'en tant qu'ANCIEN car les dernières versions du Rafale, je ne connais pas et pour cause, j'ai quitté en 1996 pour passer sur du 400 tonnes...
Le "les pilotes de chasse sont des hommes comme les autres" ou le "les pilotes de chasse ne sont pas des surhommes", à part le fait que c'est réducteur et blessant, n'apporte rien au débat. Il faut savoir que la sélection est plus que draconienne, dans les années 70, 1 sur 100 passait les sélections au Bourget puis ça écumait en formation initiale , puis CAP 10, puis FOUGA, puis T33, puis Mystère 4, puis chasseur … autant vous dire qu'à ma connaissance, peu d'écoles ont une sélection si dure. Je revois nombre de mes amis quitter l'AA en pleurant avec une immense déception. Pour moi, quelle surprise de passer au travers des mailles très serrées du filet.
Pour avoir formé des pilotes pendant longtemps et à tous les niveaux de la progression, je puis affirmer que SI, les pilotes Français (de chasse particulièrement) ont un haut niveau dans leur grande majorité (il y a toujours quelques exceptions). Je ne commenterai pas plus car ce n'est pas le sujet du jour.
DONC, revenons aux croisements … OUI dans ce cas, les chasseurs sont des surhommes parce qu'on leur a appris à le devenir !!!
Je m'explique: hormis le fait qu'à la sélection initiale CEMPN, on sélectionne des personnes sans aucun problème physique (et de vue particulièrement) on les forme ensuite à VOIR. J'enseigne encore régulièrement cela en club.
Dans l'AA, on apprend la technique de surveillance du ciel et des instruments/paramètres via un balayage rigoureux et continu, eh oui.
Comme cela ne suffit pas pour être un "surhomme", on apprend aussi à voir et détecter plus loin que "les autres" par la technique d'ACCOMMODATION de l'oeil aux distances.
Cela consiste à regarder fixement un objet (montagne, nuage, clocher, château, monument, divers) pendant un certain temps, ce qui a pour effet que les 2 yeux se "calent" sur la distance de cet objet puis ensuite et rapidement, porter sa vue et son attention sur le secteur ou on recherche un avion par exemple (info du contrôleur, d'un collègue en vol, etc) et là, vous allez découvrir que vous êtes un surhomme

Votre collègue en biplace ne va pas en revenir, lui qui restera toujours "aveugle"
Croyez moi lors des interceptions vue en chasseur, ça accommode GRAVE !!! selon le principe du "premier qui voit a pratiquement gagné le combat". L'essayer, c'est l'adopter mais attention ce principe ne tient que quelques secondes (entre 0 et 5-7 secondes) puis les yeux repartent dans le vague (vue en parallèle), il faut donc recommencer souvent si pas de visuel. De puis il faut accommoder à une distance identique à l'objet recherché bien sûr. Un spécialiste ophtalmo vous expliquerait cela mieux que moi.
Sinon je confirme les dires de l'ami Luc84, à la vitesse de 450 kts (Vi limite en TBA des chasseurs, et non pas 300, bien qu'à mon époque on faisait des fois 600 pour le fun) il est suffisant de regarder dans la vitre avant tellement ça défile. La recherche est surtout l'appareil en immobilité apparente car c'est celui là qu'on va percuter.
Quand aux radars et autres, vous rigolez, rien marche en TTBA, il n'y a que les yeux pour vous sauver. Le "VOIR ET ETRE VU" prend là tout son sens, idem pour vous. Ne faites surtout jamais confiance aveugle aux contrôleurs, nombreuses expériences et peurs à ce sujet, ce n'est qu'une aide pour accommoder justement puisqu'ils vous donnent la distance du "target".
Voilà, j'arrête là pour éviter d'être trop long.
Bon vols les yeux ouverts,
Sharky