Bonjour,
Prenons d'abord les chiffres:
Muret l'herm - Deauville, c'est 666km, une distance diabolique
Prenons un ULM "moyen" mais néanmoins apte au voyage, et dont la vitesse air sera de 150km/h
On a donc un temps de vol sans vent de 4h45, arrondissons donc à 5 heures.
L'appareil en question va consommer dans les 15l/h. Il faudra donc 75 litres pour faire le vol, auxquels il conviendra d'ajouter les réserves de sécurité.
S'il existe sur le marché des machines avec des réservoirs volumineux, on peut toutefois se dire que sur la base de ces chiffres:
5 heures de vol, c'est long pour un pilote.
Un arrêt sera donc programmé dans la nav, pour se dégourdir les jambes, satisfaire des besoins naturels, et en profiter pour ravitailler. Il aura donc lieu dans une zone comprise entre Châtellerault et Tours, pour simplifier.
Traverser la France de part en part est une belle expédition.
Je pense toutefois qu'il vaut mieux commencer par des nav moins "ambitieuses" pour appréhender un environnement inconnu, des paysages différents, une météo variable etc...
Pour la fourchette météo, il est évident qu'un pilote débutant n'aura pas les mêmes critères de décision qu'un pilote avec une grande expérience de voyages.
Idem pour le critère "location".
Si tu loues l'ULM le temps d'un weekend, et que tu assures une dizaine d'heures d'utilisation, ce n'est pas la même chose que si tu immobilises une machine de club pour une semaine pour le même nombre d'heures.
Là, c'est à ton club ou à celui qui va fournir la machine de te répondre...
Personnellement, j'ai ramené ma machine de Toulouse vers Compiègne.
Lorsque je l'ai fait, j'avais un peu plus de 150h de vol sur avion, mais très peu en ULM (je n’étais d'ailleurs pas breveté ULM à ce moment).
J'ai donc fait ce convoyage accompagné d'un pilote instructeur avec une grande expérience, ce qui m'a rassuré, mais aussi appris beaucoup, car le voyage s'est bien passé, mais pas dans les conditions de sa préparation.
Il y a eu des surprises, et l'expérience de mon voisin de cockpit a joué un rôle déterminant dans le bon déroulement de la "mission".
J'ai gardé mon calme là ou je l'aurais peut être perdu si j'avais été seul...
Aujourd'hui, avec 150 heures d'expérience sur ma monture, j'entreprendrais cette traversée avec calme, en solo sans problème, mais toujours avec l'idée qu'un imprévu peut tout remettre en cause...
Et si je peux donner un seul conseil en la matière, ce serait celui-ci:
Quand tu pars en voyage en ULM, tu ne DOIS PAS avoir de limites budgétaires.
Si en cours de route tu dois te dérouter, prendre une chambre d’hôtel, un taxi, et finir par rentrer en train chez toi, en laissant ton ULM sur un terrain ou tu n'avais pas prévu d'aller, parce que les conditions (meteo, fatigue, etat technique....) pour arriver à destination n’étaient pas réunies, tu auras tout mon respect, car tu auras pris les BONNES décisions. En pensant ainsi, tu auras toutes les chances de devenir un vieux pilote. Ca coute, c'est frustrant pour son ego, c'est dommage pour les amis qui t'attendent et ne te verront pas, mais ça permet de pouvoir le raconter un jour au bar de l'aéroclub... et aux amis qui t'attendaient
Si tu penses différemment, c'est dommage, car dans ce cas, tes amis risquent un jour de devoir venir à ton enterrement
Trop de pilotes se tuent chaque année à cause de "l'impérieuse nécessité d'arriver à destination", y compris des triples champions du monde de voltige. CQFD.
Bons et beaux vols à toi, mais avant, bonne formation, et bienvenue parmi nous.