jplandez a écrit :Il est exact que le fil mélange la problématique de l'électrique et de la finesse, même s'ils sont liés.
Mais les arbres ne montent pas au ciel.
Je suis d'accord. Le poids c'est l'ennemi. Depuis 20 ans nous croyons normal que les batteries stockent et restituent de l'électricité par le truchement d'ions de Lithium qui voyagent à la queue-leu-leu dans un sens, puis dans l'autre, qui viennent s'intercaler dans des galeries ad-hoc, formées par des sortes d'éponges nanométriques qui finissent par se boucher ou se cisailler.
Foutaises ! Tous les constructeurs de batteries sont en train de brader leurs processus existants, fondés sur l'intercalation, de façon à rassembler les fonds nécessaires pour industrialiser en catimini un stockage et une restitution d'électricité par le truchement d'un processus réversible de placage et de décapage électrochimique (plating - stripping) qui pèse moins lourd et qui s'use moins que le délicat processus d'intercalation qui a été exploité depuis deux décennies.
Telle évolution provient des progrès enregistrés du côté de l'imagerie, et des progrès enregistrés par les simulations informatiques.
Lamborghini (qui appartient Audi) a pris les devants. Ils sont les premiers à parler ouvertement de batteries Na-metal (sodium métal) qui exploitent le phénomène de placage - décapage, dont l'anode est simplifiée au point qu'elle ne représente quasi pas de poids mort. Pour l'instant, la batterie sodium-métal qui a été développée par cette équipe italienne est caricaturale, fournissant une puissance de 9000 W du kilogramme (c'est colossal), mais ne stockant que 60 Wh du kilogramme (c'est cinq fois trop peu), ce qui en fait une curiosité dénuée d'intérêt commercial.
Au labo, loin des projecteurs, il existe des formulations plus équilibrées dérivées de la thèse doctorale de Adam Paul Cohn, présentée la 31 mai 2018, qui signa la fin des batteries en technologie Li-ion par intercalation, thèse sur laquelle les chinois, les coréens et les italiens se sont rués. Dans tel registre, il existe formulation peu connue, judicieusement équilibrée, de batterie Sodium-métal (Na-metal) qui stocke 330 Wh par kilogramme et qui tolère un régime de charge "5.0 C" et un régime de décharge "5.0 C". Le coût en fabrication d'une telle batterie n'a plus rien à voir avec celui des batteries Li-ion, du fait de l'énorme simplification qui intervient au niveau de l'anode, celle-ci pouvant prendre la forme d'une mousse de cuivre, soumise à un traitement de surface qui l'active, qui favorise le placage de la couche de sodium lors du tout premier cycle de charge - décharge, appelé "cycle de formation". Ces batteries seront vendues à profit pour 50 dollars du kWh stocké.
Divulguer cela trop tôt revient à mettre en faillite tous les producteurs actuels de batteries Li-ion, qui n'arrivent pas à dépasser une densité de 330 Wh par kilogramme, et qui s'ils y arrivent au labo, n'arrivent pas à commercialiser car le régime de charge et de décharge ("0,5 C" par exemple) convient plus à une montre-bracelet électronique, qu'à une voiture ou à un avion.
Ceci dit, je suis d'accord comme quoi pour l'aviation, une densité d'énergie de 330 Wh par kilogramme, demeure totalement insuffisante.
C'est là qu'il convient de se pencher sur un autre matériau susceptible d'être plaqué puis décapé, qui est le soufre (sulfur battery) qui promet une densité d'énergie théorique de 1675 Wh par kilogramme, et qui si l'on arrive à atteindre une performance de 75% sur tel paramètre, promet une densité d'énergie pratique de 1250 Wh par kilogramme. Là, on peut commencer à envisager des avions électriques, peu performants certes (faible rayon d'action, faible charge utile), mais très simples au niveau de la construction, et ne coûtant quasiment rien au niveau de la maintenance. Il suffirait d'embarquer 200 kg de cellules de batteries pour stocker une énergie de 250 kWh. On disposerait en toute facilité d'une puissance de 125 kW durant le décollage et la montée selon une pente de disons 10%. En vol horizontal au régime de croisière, la batterie ne fournirait que 75 kW. Pourrait-on ainsi réaliser des missions de 400 kilomètres, qui permettent une grande journée de travail en déplacement, qui dispensent de passer une nuit à l'hôtel ?
Dans le même ordre d'idées, on peut adopter une posture optimiste, et se cramponner à l'idée que les batteries au lithium ne seront pas bannies en aviation. Leur exploitation en placage - décapage promet une densité d'énergie théorique de 3860 Wh par kilogramme. Au cas où l'on atteint une performance de 75% sur tel paramètre, on bénéficierait d'une densité d'énergie pratique de 2500 Wh par kilogramme. Cela permettrait de faire monter les arbres au ciel. Cela permettrait la généralisation du décollage vertical et de l'atterrissage vertical, pour autant qu'une telle batterie qui contient 200 kg de cellules qui stockent ensemble 500 kWh, fournisse une puissance de 1000 kW sans chauffer ou s'user (on parle là d'un régime de décharge qui vaut "2,0 C", qui n'a rien d'excessif) durant le décollage vertical, et durant l'atterrissage vertical.
Passez une agréable journée