mileuh a écrit : (…) Pour moi l’ULM a apporté (et continue à apporter) énormément à l’aéronautique en obligeant les constructeurs à redoubler d’ingéniosité (utilisation du carbone pour le poids, moteurs légers qui consomment relativement peu, etc), par rapport à une aviation certifiée un peu sclérosée techniquement (pas de raison d’utiliser le carbone ou des moteurs peu gourmands si on n’a pas de contrainte de poids).
S'il est vrai que les contraintes de poids ont obligé les constructeurs à faire des effort et d'innover, il n'est pas vrai, en revanche, que la sclérose qui frappe l'aviation de loisir certifiée soit due à une absence de besoin. Car, comme l'a bien noté Claude, dans l'aviation on a
toujours intérêt à faire léger.
Cette absence d'innovation est surtout due au carcan administratif qui s'est progressivement créé depuis les années 90, avec une mention spéciale pour 2003, l'année de naissance de l'AESA / EASA...
Exemples ? Pendant le salon AERO 2008 (Friedrichshafen), nous étions plusieurs, collaborateurs et revendeurs, à proposer au patron d'Alisport d'installer un parachute balistique sur le Silent. A la fin du salon, il nous a annoncé qu'il avait pris la décision de le faire. Fin septembre, j'avais reçu de photos des essais, et en 2009 le parachute intégral était déjà au tarif, en option. Le secret ? Le Silent est un planeur, mais il est classé ULM. 9 ans plus tard, il n'y a que 2 modèles des planeurs certifiés qui disposent de cette option, et les deux sont des nouveaux modèles certifiés dès le début avec. Pour tous les autres, une telle modification est trop chère, trop compliquée, et surtout trop longue.
Un autre exemple, les planeurs polonais SZD-56 Diana, et le SZD-54 Perkoz ont vu leurs processus de certification durer 10 et 9 ans, quant au SZD-56-2 Diana-2, cela a pris 11 ans... Quant aux planeurs tchèques HPH Shark et Twin Shark, ils sont toujours "certificate pending"... Les avions Zlin, qui étaient fabriqués jadis par milliers, sont en état proche de l'agonie.
Quelle entreprise peut se permettre de travailler 10 ans, sans pouvoir vendre ses produits ?
Et si vous cherchez des exemples français, regardez le "saga" des planeurs Cristal, ou les tribulations des Robin... Le génie de Délemontez n'aurait aucune chance de s'exprimer dans les réalités d'aujourd'hui. Une partie du problème est dans le système économique, ou ce qui en reste, mais la majeure partie vient, à mon humble avis, de la contrainte administrative...
Toutes ces contraintes administratives et financières sont inconnues chez les fabricants d'ULM, ce qui explique bien le ressort de cette catégorie.
Oui, l'aviation de loisir certifiée va tout droit vers une mort annoncée, mais cela n'a rien à voir avec une supposée paresse de fabricants.