Lochardet a écrit :Ils ne seront pas heureux encore très longtemps...
(lu dans ULMAG)
Pierre Raimond arrête son logiciel de navigation fin 2014. Déjà les accès aux pages du site (notamment le forum) sont fermés ; seule la page d'index expliquant les raisons et termes de la fin d'activité subsiste. Selon l'auteur, ''la mise à disposition gratuite (avec une brève tentative de commercialisation) a été une expérience dont les résultats n'ont pas été à la hauteur de mes attentes ni de mes efforts''. Dommage, car le logiciel était particulièrement bien conçu et son interface plaisante.
Je vous conseille de lire ces explications de l'auteur en totalité. Elles sont révélatrices d'un phénomène de lassitude, lié étroitement au bénévolat et à la gratuité.
Bénévolat tout d'abord. Une aventure merveilleuse et affreuse à la fois : il faut avoir déjà les moyens de subsistance pour s'y consacrer, et il faut avoir ce besoin de partager qui est lui-même partagé de façon très inégale parmi les hommes, pardon, parmi les humains.
Mais le piège est dans l'attente de retour. Car, qu'on le veuille ou pas, on a toujours une tendance (je sais de quoi je cause) à attendre en retour une reconnaissance, voir plus... Or, c'est une erreur : un bénévole, s'il veut être heureux, ne doit RIEN attendre en retour, sinon il sera forcement déçu, et c'est l'amertume qu'il récoltera.
Gratuité ensuite. Une démarche de partage (un forum, un logiciel, ou un quelconque service), cela parait évident au départ. Au départ, parce que la fascination du défi fait marcher le bonhomme. Et aussi, parce qu'au départ le volume de travail prévu (prévisible) pour fournir ledit service est relativement faible.
Avec le succès, ce volume augmente rapidement. Et, tout aussi rapidement, on devient une "victime de son succès". Quand vous consacrez à un forum, ou à une permanence dans un club, une heure par jour, c'est gérable. Quand c'est une dizaine d'heures par semaine, c'est encore supportable. Mais dès lors qu'il s'agit de faire fonctionner quelque chose toute la semaine, et 24 h / 24 h, ça devient humainement impossible. Toutes les expériences de partage gratuit le prouvent. Regardez les efforts déployé par Wikipédia - pour ne citer qu'un seul exemple - les gens qui s'en occupent ne peuvent pas tous être bénévoles, il doivent quand même gagner leur vie, et alors il faut les payer... La fin de la gratuité approche.
Il reste la solution des dons... mais ce n'est pas totalement gratuit, m'objecteriez vous...

Ben oui, c'est exact...
Il n'y aurait donc aucune chance que cela puisse perdurer ?
Si, c'est faisable : il faut une quantité des bénévoles, un groupe suffisamment important, pour qu'ils puissent partager le fardeau, sans se faire écraser. Et il faut qu'ils n'attendent rien en retour, qu'ils puisent leur satisfaction du fait même de partage. A cette condition-là, ils pourront garder l'envie longtemps...
Avis aux amateurs.
